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Mon enfance a été bercée par l’enchantement de la lecture. Ma soif de lire a grandi en même temps que moi. La participation à un groupe de théâtre m’a donné le goût de la scène et l’accès à de nouvelles découvertes littéraires éclectiques. J’ai frissonné, et je frémis encore, à l’écoute de la célèbre tirade du nez de Cyrano de Bergerac ; j’ai découvert le pouvoir du langage comme exaltation de l’image. Sans le théâtre, je n’aurais peut-être pas connu si profondément les œuvres de Raymond Queneau; j’ai découvert le pouvoir du langage comme jeu de création.

Aujourd’hui encore je suis fascinée par la richesse et la diversité de la langue française. Je joue avec ces subtilités linguistiques dans mes deux livres pour enfants que j’ai écrits lors de mon arrivée au Québec. Si l’inspiration était initialement culturelle, elle n’en demeure pas moins un clin d’œil à mes lectures d’enfance : mon héros, Colin, est une version modernisée du Petit Nicolas de Goscinny, dont le style d’écriture m’a fortement influencée.

Au-delà de la lecture, j’ai également été marquée par la découverte des peintures de René Magritte : le soin du détail apporté aux objets est transcendé par l’intention de l’artiste. Dans cette vision surréaliste, Magritte définit l’art comme sa propre représentation du réel. Un dessin de pipe n’est pas une pipe, un œuf est un oiseau en devenir, tout comme le peigne qui défie Baba Yaga dans un célèbre conte russe n’est pas un simple peigne, mais une forêt en devenir.

Cette fusion entre le réel et l’imaginaire est le fondement de ma conception de l’art en général, du conte et de la littérature en particulier. Alors que je suis de nature très rationnelle et pragmatique, je me laisse envouter par la magie ou le mystère des contes. Au quotidien, mon esprit critique m’habitue à vérifier la légitimité et le fondement de ce que je lis ou entends. Par contre, dans l’univers des contes, je n’ai aucun problème à accepter qu’un forgeron se transforme en loutre, à prétendre qu’un fil d’or puisse recoudre un bateau ou à admettre que les étoiles aient été créées par des enfants.

Chaque histoire que je conte, je l’ai choisie pour sa force, pour son rythme, pour sa sagesse, pour l’hommage et le respect aux conteurs et conteuses qui l’ont partagée, et pour les émotions qu’elle a suscitées en moi et que je veux à mon tour partager sobrement, sans grande envolée lyrique, mais en prenant soin de varier les intensités rythmiques. Si, dans les contes, tout peut se produire, je rêve qu’en les écoutant, petits et grands puissent, l’espace d’un instant, s’évader et pleinement ressentir.

Anciennement chimiste, je cultive encore mes compétences scientifiques dans mon travail de préparation des histoires. Je me plonge dans la vastitude des répertoires de tradition orale. Puis je nourris mes textes de réflexions, je les taille, je les greffe à d’autres versions, j’attends qu’elles arrivent à maturité. Les récits que j’offre peuvent alors être ramassés, cueillis, abandonnés ou partagés.

Les contes ont ce pouvoir merveilleux de pouvoir évoquer le monde présent avec des histoires d’hier, de parler d’ici avec des histoires de là-bas. Les contes, intemporels et voyageurs, qui m’inspirent pour imaginer maintenant un possible récit de notre futur en transition. Un futur où chacun et chacune pourrait continuer à s’éveiller et s’émerveiller.

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